par Sword7 » Dim 7 Mai 2017 08:14
Et rattrapé "What’s in the Darkness" de Wang Yichun. Le film se rapproche du mode de filmage du cinéma indépendant (mais pas de quoi en faire un fromage, une nouvelle génération ou une "nouvelle vague", disons tout au plus que ce type de film est visible en salle alors que la 6ème génération a été très/trop longtemps censurée), avec un ton et une manière de mener le récit également plus libres. La mise en scène, si elle est soignée et sans afféteries, n'a rien de vraiment marquant non plus.
Il y a quelques beaux passages, notamment la scène sous la pluie où le père regarde sa fille pour lui faire comprendre qu'elle doit changer de position pour s'asseoir sur le vélo, son autorité se passe alors de mots. Son portrait de père looser, qui se fait marcher sur les pieds dans son boulot et fanfaronne chez les commerçant, use de son autorité dans sa famille est vraiment très bon. C'est parfois presque trop "théorique", pas dans la forme mais dans le fond, c'est-à-dire que la réalisatrice laisse des incohérences énormes dans le scénario, oubliant au passage toute forme d'émotion, pour se focaliser sur une discrète description de l'époque et du milieu (une petite ville à l'heure de la modernisation occidentale du début des années 90) qui peut parfois être plus dérangeante et subtile qu'il n'y paraît.
Même si ça manque un peu d'ambition dans la mise en scène, le point de vue est quand même assez risqué dans l'ensemble, donc on ne peut pas reprocher à la cinéaste d'avoir fait trop de concessions pour l'exploitation commerciale du film. La fin est totalement anti-commerciale en terme de scénar (non résolution de l'enquête policière) et a dû déplaire aux spectateurs locaux dans l'ensemble, mais je trouve qu'elle correspond bien à la tradition du film et du roman noir dans laquelle le contexte social est au moins aussi important sinon plus que l'enquête qui est souvent incompréhensible (avec comme archétype "Moisson rouge" d'Hamett). Cela renforce aussi le portrait accablant de la police locale. Le fait que la plupart des personnages ne soient pas vraiment sympathiques ou attachants (y compris la dernière fille qui disparaît, ce qui évite tout pathos. Elle se demande d'ailleurs à un moment, de manière prémonitoire : "si je disparaissais, est-ce que je manquerais à qqun") n'est pas non plus un choix évident dans un pays où le cinéma commercial est complètement calibré pour impérativement "donner la banane" en sortant de la salle de cinéma.
On retrouve un peu le squelette scénaristique de "The Summer is gone", même si les regards sont différents : une ville de province, les années 90 avec leur lot de modernisations et de transformations, un enfant avec ses parents et à l'intérieur de cette famille un conflit entre le père looser et la mère. Autour, le personnage du petit voyou est également présent dans les deux films. Il faut espérer que ça ne devienne pas le stéréotype du cinéma chinois d'"auteur" à l'avenir ...
Il y a des choses qui étonnent vraiment pour l'époque, je ne sais pas si c'est vraiment réaliste, notamment les walkmans, les VHS de pornos occidentaux, le cinéma de quartier qui passe des films érotiques de HK à minuit... tout cela était-il vraiment déjà présent en 1991 dans les campagnes chinoises ??
Et rattrapé "What’s in the Darkness" de Wang Yichun. Le film se rapproche du mode de filmage du cinéma indépendant (mais pas de quoi en faire un fromage, une nouvelle génération ou une "nouvelle vague", disons tout au plus que ce type de film est visible en salle alors que la 6ème génération a été très/trop longtemps censurée), avec un ton et une manière de mener le récit également plus libres. La mise en scène, si elle est soignée et sans afféteries, n'a rien de vraiment marquant non plus.
Il y a quelques beaux passages, notamment la scène sous la pluie où le père regarde sa fille pour lui faire comprendre qu'elle doit changer de position pour s'asseoir sur le vélo, son autorité se passe alors de mots. Son portrait de père looser, qui se fait marcher sur les pieds dans son boulot et fanfaronne chez les commerçant, use de son autorité dans sa famille est vraiment très bon. C'est parfois presque trop "théorique", pas dans la forme mais dans le fond, c'est-à-dire que la réalisatrice laisse des incohérences énormes dans le scénario, oubliant au passage toute forme d'émotion, pour se focaliser sur une discrète description de l'époque et du milieu (une petite ville à l'heure de la modernisation occidentale du début des années 90) qui peut parfois être plus dérangeante et subtile qu'il n'y paraît.
Même si ça manque un peu d'ambition dans la mise en scène, le point de vue est quand même assez risqué dans l'ensemble, donc on ne peut pas reprocher à la cinéaste d'avoir fait trop de concessions pour l'exploitation commerciale du film. La fin est totalement anti-commerciale en terme de scénar (non résolution de l'enquête policière) et a dû déplaire aux spectateurs locaux dans l'ensemble, mais je trouve qu'elle correspond bien à la tradition du film et du roman noir dans laquelle le contexte social est au moins aussi important sinon plus que l'enquête qui est souvent incompréhensible (avec comme archétype "Moisson rouge" d'Hamett). Cela renforce aussi le portrait accablant de la police locale. Le fait que la plupart des personnages ne soient pas vraiment sympathiques ou attachants (y compris la dernière fille qui disparaît, ce qui évite tout pathos. Elle se demande d'ailleurs à un moment, de manière prémonitoire : "si je disparaissais, est-ce que je manquerais à qqun") n'est pas non plus un choix évident dans un pays où le cinéma commercial est complètement calibré pour impérativement "donner la banane" en sortant de la salle de cinéma.
On retrouve un peu le squelette scénaristique de "The Summer is gone", même si les regards sont différents : une ville de province, les années 90 avec leur lot de modernisations et de transformations, un enfant avec ses parents et à l'intérieur de cette famille un conflit entre le père looser et la mère. Autour, le personnage du petit voyou est également présent dans les deux films. Il faut espérer que ça ne devienne pas le stéréotype du cinéma chinois d'"auteur" à l'avenir ...
Il y a des choses qui étonnent vraiment pour l'époque, je ne sais pas si c'est vraiment réaliste, notamment les walkmans, les VHS de pornos occidentaux, le cinéma de quartier qui passe des films érotiques de HK à minuit... tout cela était-il vraiment déjà présent en 1991 dans les campagnes chinoises ??