Notebad a écrit:Salut Sword,
Joli montage.
Le cinéma commercial en numérique aurait-il enfin réalisé le grand rêve de nombreuses avant-gardes expérimentales du XXème siècle, à savoir faire définitivement exploser les notions d'espace et de temps à l'écran ?!!?

Ahah, à méditer !
Sinon regardé "I'm not Madam Bovary" de Feng Xiaogang (je vous laisse lire les explications sur le titre et le scénario ici :
http://www.chinesemovies.com.fr/films_F ... Bovary.htm)
C'est mieux que son gros film lourdingue sur le tremblement de terre à propos duquel j'avais écrit un texte sur le site il y a quelques années (
http://www.scienezma.com/DC/aftershocks). Une fois n'est pas coutume, je rejoins Duzan sur l'originalité des choix formels qui sont surtout justifiés, nous changent du tout venant affreux de la production commerciale chinoise, et vraiment bien utilisés (en particulier la mise en scène à l'intérieur du cadre rond), ça n'a pas été fait n'importe comment. Après je la rejoins aussi pour dire que le film est beaucoup trop long.
Par contre, sur le plan de la satire sociale, je suis beaucoup plus nuancé. Même si apparemment les autorités paniquées ont voulu laisser passer le film en salle en douce, son contenu me paraît rester peu subversif. Certes, il est vaguement question de corruption, d'incompétence des autorités, mais la situation initiale est suffisamment embrouillée pour dédouaner tout ce beau monde en costume. En réalité, la femme s'est mise elle-même dans cette situation (en plus en cherchant à contourner la loi, donc sa responsabilité est doublement en cause : à titre personnel et moral devant la loi) et si la machine bureaucratique patine, c'est parce qu'il n'y a objectivement aucune solution juridique à son problème, avant même le fait que chacun pense à son intérêt personnel (y compris Li Xuelian). Les autorités s'agitent autour d'un problème insoluble, qui se joue essentiellement entre la femme et son (ex) mari. La corruption du fonctionnaire local est comique, le type accepte un bidon d'huile et un canard, quelque chose comme ça, donc ceci tend plutôt à relativiser la corruption qu'à la dénoncer. De même, nous avons une séquence où la femme est "invitée à prendre le thé", expression consacrée pour désigner les interrogatoires aimables de la police pour persuadé les gens de rentrer dans le droit chemin idéologique avant des sanctions beaucoup plus importantes. Ce type de séquence donne plutôt l'impression qu'on cherche à banaliser ce type de procédé de la police dans l'opinion publique, plutôt qu'à le dénoncer réellement.
Je pense que c'est le fait de voir une femme de la campagne aller à Beijing pour formuler sa revendication (quelle qu'elle soit) qui gène les autorités, même si on a fait en sorte que son problème soit en réalité absolument impossible à résoudre par celles-ci.